Accès aux soins en prison
Accès aux soins en prison : de graves manquements en France, selon l’Observatoire international des prisons
Soins spécialisés insuffisants, manque de personnel soignant et de matériel, établissements non adaptés au handicap, à la vieillesse et à la fin de vie, figurent parmi les principaux problèmes soulevés par l’OIP dans son dernier rapport sur l’accès aux soins dans les prisons françaises.
Comme le note le rapport, la population carcérale en France « cumule des facteurs de risques socio-sanitaires qui la rendent plus vulnérable aux problèmes de santé que la population générale« . Et ce alors qu’est inscrit dans la loi le « principe de l’égalité des soins entre personnes détenues et population générale« . Les politiques pénales et pénitentiaires mises en place depuis des dizaines d’années ne permettent pas mettre fin à la surpopulation carcérale, pourtant identifiée comme l’un des facteurs d’aggravement de la situation sanitaire.
L’état de santé des détenus est-il à l’image de l’état des établissements pénitentiaires en France ? Selon un rapport de l’Observatoire international des prisons publié mercredi, l’accès aux soins en détention, que ce soit le rendez-vous dentaire, l’examen gynécologique ou l’accompagnement d’un handicap et le suivi de maladies chroniques liées à la vieillesse, est non seulement insuffisant, pour des raisons de moyens humains et matériels, mais également facteur d’aggravations et même de développement de problèmes de santé. Le rapport s’appuie sur les différentes mais rares études réalisées dans le milieu carcéral sur le sujet, et les réclamations émanant de détenus ou de leurs proches reçues par l’OIP, donnant un état des lieux national inédit.
Des extractions médicales problématiques
Tous les soins ne se réalisent pas à l’intérieur des établissements. Une extraction médicale est alors nécessaire et consiste à organiser le transfert d’un détenu vers des établissements hospitaliers. Plusieurs dizaines de milliers sont réalisées tous les ans, sans qu’on puisse les comptabiliser précisément, regrette l’OIP. Toutefois, il apparaît qu’une grande partie de ces soins sont programmés en structures hospitalières uniquement « en raison du manque de personnel ou d’équipement nécessaire au sein des unités sanitaires. Un phénomène amplifié par la surpopulation carcérale, notamment en maison d’arrêt.«
L’OIP cite notamment les chiffres de la DGOS pour les années 2019 et 2020 avec des « taux d’annulation respectivement à 29,4 et 33%« . Ces annulations peuvent être liées à des problèmes d’organisation entre établissements pénitentiaires et hospitaliers, ou encore à des problèmes de personnels puisque ces transferts requièrent des dispositifs spéciaux d’escorte pénitentiaire pour limiter le risque d’évasion (un phénomène répandu).
Il arrive enfin que les détenus eux-mêmes refusent des extractions médicales, en raison des conditions dans lesquelles elles se déroulent, notamment le fait d’être menotté à tout moment, ou encore de devoir supporter la présence d’un surveillant pendant un examen ou une opération, « au mépris de leur dignité mais aussi du respect du secret médical.«