Un système pénitentiaire asphyxié
En comparaison, la détention provisoire en établissement n’augmente que de 2,9 %. Les libérations aux deux tiers de peine ont atteint leur rythme de croisière, et la semi-liberté, en hausse de 24,4 %, flambe. Enfin, le nombre des condamnés simultanément prévenus pour d’autres délits explose, en hausse de près de 15 %.
Un phénomène dopé par un chiffre noir : celui de la révocation des sursis anciens qui, à l’occasion de nouveaux délits, rallongent d’autant la durée moyenne des peines. Ainsi, à l’impossibilité de briser la trajectoire d’une délinquance ancrée, se surajoutent les apories d’un système pénitentiaire asphyxié. « Sur notre population carcérale, 22 % est étrangère, soit 15.000 personnes. Rien n’est prévu pour les éloigner du territoire, pas même pour les ressortissants européens », note un cadre de l’administration pénitentiaire.
À lire aussiSurpopulation carcérale: les sénateurs communistes proposent un mécanisme «de régulation»
Par ailleurs, « on veut des remises de peine au mérite. Mais les activités que nous proposons ne peuvent convaincre un juge de l’application des peines qui se prononce sur “un effort sérieux de réinsertion” », note un directeur d’établissement pénitentiaire. « Rien n’est organisé pour le favoriser, comme par exemple des mécanismes facilitant le paiement des amendes, ou le remboursement des victimes, ou même passer le code de la route. On préfère organiser des ateliers théâtre », affirme-t-il, reconnaissant la question prégnante du nombre de surveillants en établissement.