« Il avait avalé une demi-lame de cutter », par Michel-Jean Kroast
- J’ai été incarcéré pour possession de cocaïne peu après les émeutes de novembre 2005. Les juges, les flics et tout le personnel pénitentiaire étaient sur les dents.
- Je me souviens d’un jeune homme d’environ 18 ans, d’origine maghrébine, dans la salle d’attente de l’infirmerie.
- Il tenait une radio de son abdomen sur laquelle on distinguait une demi-lame de cutter. Il l’avait avalée pour se suicider et ça faisait déjà une semaine qu’il attendait d’être transféré à l’hôpital. Il ne pouvait plus ni manger ni chier.
A quoi ressemble le quotidien d’un prisonnier ?
D’anciens détenus ou leurs proches racontent sur Le Monde.fr la violence, le manque d’hygiène et la solitude. Une expérience qui « démolit ».
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- « On bombarde de cachets les détenus les plus récalcitrants », par Thierry Fécamp
A 38 ans, j’ai dû passer environ une dizaine d’années en prison un peu partout en France. Dans tous les établissements que j’ai eu le malheur de visiter (Rouen, Lyancourt, Fresnes, Limoges, Poitiers, Niort, Chartres…), il n’y avait aucune hygiène. On nous distribuait trois rouleaux de papier-toilette et un bidon de Javel de 15 à 20 cl par mois. J’ai connu des dortoirs de 25 personnes et des cellules pour trois détenus où nous étions quatre ou cinq avec des matelas par terre. Il y a des rats et des souris qui viennent parfois nous visiter. On bombarde de cachets les détenus les plus récalcitrants. C’est Diantalvic pour tout le monde en cas de mal de ventre, mal de dents, mal de tout. J’aurais encore tellement de choses à vous raconter que je pourrais écrire un livre.
- « Tout est payant en prison », par Mouloud Tamani
J’ai 34 ans et ai été incarcéré à quatre reprises en province et en région parisienne (maison d’arrêt d’Osny, dans le Val-d’Oise). Quel que soit le bâtiment, l’insalubrité règne. Dans les cours et dans les cellules, on croise des rongeurs de la taille d’un chat. L’image des détenus nourris, logés, blanchis qu’ont certaines personnes est complètement erronée. Tout est payant en prison, de la télévision aux produits hygiéniques.
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https://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/19/en-prison-on-est-en-permanence-humilie-et-rabaisse_1133050_3224.html
- Il peut arriver n’importe quoi », par Eric Pater
Le premier jour, on se demande où on arrive. A la maison d’arrêt de Bonneville (dans le 74), ils vous donnent un rouleau de papier-toilette, une brosse à dents, un savon, deux enveloppes et un stylo. Le reste, il faut le cantiner (acheter). Pas d’eau chaude dans les cellules, trois douches par semaine, quatre douches par section, repas tièdes ou froids, quatre sorties par semaine théoriquement protégées, mais certains matons font exprès de se tromper de cour. Il peut arriver n’importe quoi. On est en permanence humilié et rabaissé. J’étais dans une cellule de quatre places nous étions jusqu’à neuf personnes. La drogue circule ainsi que les téléphones portables. Nos familles sont durement fouillées lorsqu’elles viennent au parloir. La prison ne permet pas la réinsertion. Il y a trop de détenus.